« Plus le traumatisme est ancien, plus il sera difficile de transformer les émotions, d’autant que d’autres s’y sont généralement rajoutées », décrypte Stéphane Clerget. Et Bernard Waysfeld de préciser : « Il arrive que les facteurs de la surcharge soient variés et s’additionnent (dérèglement hormonal, régime yoyo…). Cela demande un débroussaillage qui portera ses fruits, ou pas. » Mais une fois que la bonne porte a été trouvée, les effets de la thérapie peuvent être rapides, insiste Valérie Grumelin, qui utilise comme clés d’accès l’EMDR et le « rebirth intra-utérin en régression EMDR ». Par cette technique, qu’elle a mise au point, Antoine, 29 ans, dernier d’une fratrie, seul en surpoids et surnommé « Grasdouble », s’est rendu compte qu’il avait été un enfant non désiré. Après ce travail, il a abandonné ce surnom et cette double place qui pesait vingt kilos. Pour cette thérapeute, en acquérant du poids intérieurement, en s’emplissant de confiance, on n’a plus besoin de s’étoffer extérieurement. « On change non seulement son alimentation, mais aussi sa façon d’être au monde », précise-t-elle.
Juliette aime son corps avec ses vergetures et ses plis, découvre sa féminité et sa sexualité, et sait désormais mettre à distance un regard intrusif. Tout comme accueillir un regard désirant.
“J’ai appris à aimer mes courbes”
Chloé Hollings, 28 ans, comédienne et auteure de Fuck les régimes ! (Payot)« Quand j’ai réalisé, à 22 ans, que mes régimes étaient vains, j’ai cessé de faire souffrir ce corps que je contraignais depuis mes 9 ans, lorsque mes parents ont divorcé. Le mal-être que j’avais étouffé pendant des années a débordé. J’ai englouti tout ce qui s’offrait à moi. Ce lâcher-prise, Élodie Sueur-Monsenert l’a accompagné en me photographiant pendant neuf mois. Avec elle, je me suis confrontée à ce que je détestais : ventre, cellulite, seins, hanches… Le fait de vouloir rester une petite fille m’est apparu clairement. Pour moi, être une femme signifiait douleur et faiblesse. Cette image erronée, j’ai compris avec la kinésiologie qu’elle était transgénérationnelle du côté de ma mère. Les livres de la psychologue anglaise Susie Orbach m’ont aussi aidée. Grâce à ses exercices, j’ai réalisé que je regrossissais parce que cela m’arrangeait. Le bénéfice ? Abandonner le rôle de la fille parfaite. Au fil des mois, j’ai appris à aimer mes courbes. Quelle séance mémorable lorsque Élodie m’a invitée à dessiner des mots doux au rouge à lèvres sur mon corps : “I love you” sur mes bourrelets, “Sexy” sur ma cuisse ! Cet acte symbolique m’a libérée. J’ai rangé ma balance et mes vêtements trop serrés. En retrouvant le plaisir de vivre, j’ai découvert celui de manger en conscience. Au bout de quelques mois, je me suis aperçue que j’avais fondu en achetant un jean. J’ai eu du mal à l’accepter, j’avais tellement travaillé à aimer mon corps ! Mais j’ai compris que je m’étais débarrassée de ce qui ne m’appartenait pas. »
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