Voyageurs
chevronnés ou occasionnels, nous avons tous des voyages que nous rêvons
de faire, des lieux vantés par des amis à leur retour de vacances, ou
découverts au gré de nos lectures. Certains en font même une liste. Nous
vous proposons ici notre propre liste des 500 lieux les plus fascinants
et mémorables au monde, classés suivant leur succès auprès de la
communauté Lonely Planet. Ils sauront vous interpeller, vous émouvoir ou
simplement vous donneront envie de partager votre expérience.
Voici donc, pour la première fois, le classement des meilleures destinations du monde par Lonely Planet. Nous espérons qu’il vous incitera à dresser la liste de vos propres envies. Et en attendant de découvrir ce top 500, voici les 10 premières destinations !
Le site qui s’est imposé en tête du classement a remporté une victoire pour le moins écrasante, avec un écart de 36% par rapport au site suivant, alors que pour la deuxième place, les résultats étaient très serrés. Quel est donc le secret du succès du site archéologique d’Angkor ?
Plus grand temple du monde dédié au dieu hindou Vishnou, datant du XIIe siècle, Angkor Vat détonne un peu dans un Cambodge majoritairement bouddhiste. Immense représentation du mont Meru, le séjour des dieux hindous, c’est l’incontestable pièce maîtresse du site. Il est composé de milliers de blocs de grès ornés de bas-reliefs si délicats et gracieux qu’ils semblent sculptés par les dieux ; ils illustrent les légendes du Ramayana, du Mahabharata et des Puranas. Ce magnifique monument est le plus précieux vestige d’un royaume hindou qui s’étendait jadis jusqu’en Birmanie, au Laos et dans le sud de la Chine.
Même en Asie du Sud-Est, si riche en temples, Angkor sort de l’ordinaire. Cet ensemble recèle plus de 1 000 temples, sanctuaires et tombes dont les tours s’élèvent telles celles d’une cité perdue dans la jungle du nord du Cambodge.
La ville de Siem Reap voisine étant desservie par des vols internationaux, on ne peut dire qu’Angkor soit secrète, et pourtant, le visiteur qui s’aventure parmi les racines transperçant des murailles anciennes et les effigies de divinités couvertes de plantes grimpantes aura l’impression d’être un aventurier découvrant une terre vierge derrière un rideau de verdure.
Au fil des siècles, les habitants de cette cité céleste abandonnèrent l’hindouisme pour le bouddhisme. Dans les temples, les deux mythologies se mêlent. Arriver à l’aube dans les ruines du temple du Bayon est une expérience unique : les visages bienveillants de l’Avalokiteshvara, bodhisattva de la Compassion, émergent alors doucement dans la brume, telles des apparitions célestes. Le voyageur est également saisi d’émotion face aux ruines envahies de végétation de Ta Prohm, temple du XIIe siècle presque entièrement englouti par la jungle, qui a peu changé depuis l’arrivée des premiers explorateurs européens à Angkor au XVIIe siècle. Angkor offre d’ailleurs des expériences tellement uniques que les voyageurs y passent souvent plusieurs semaines pour s’imprégner de la splendeur de ces temples et vestiges.
Disséminés sur plus de 400 km2 à la ronde se trouvent des bassins sacrés et des ponts de pierre dotés de rampes figurant des démons brandissant de monstrueux serpents, ainsi que des vestiges de temples. Certains sont devenus incontournables, comme le temple de Banteay Srei, dont les sculptures de pierre comptent parmi les plus délicates d’Angkor, et Kbal Spean, non loin, avec son lit de rivière sculpté d’innombrables linga (symboles de Shiva).
Angkor est un puissant témoignage des ambitions de la créativité humaine et du besoin fondamental de l’homme de laisser une trace pérenne. Le lieu génère une prise de conscience chère au bouddhisme : rien de matériel n’est éternel ; avec le temps, la nature reprend toujours ses droits. Plus qu’une simple ruine digne d’intérêt, Angkor est une épiphanie gravée dans la pierre.
La deuxième place de notre classement est occupée par une merveille naturelle qui s’étend sur plus de 3 000 km au large de la côte nord-est de l’Australie. Inutile de présenter la Grande Barrière de corail. Rappelons simplement qu’il s’agit du plus grand récif corallien au monde, peuplé de 400 espèces de coraux et de 1 500 espèces de poissons. Quelque 30 espèces de baleines, de dauphins et de marsouins y ont été identifiées, ainsi que 6 espèces de tortues de mer et 17 variétés de serpents marins.
Le récif risque de disparaître ou du moins de perdre de sa splendeur. Le réchauffement des océans est responsable du blanchiment et de la mort des coraux et rien ne laisse supposer que le phénomène puisse être enrayé. Pour le moment, le récif reste un paradis sous-marin pour les plongeurs et les adeptes de snorkeling. Même en surface et aux abords de la côte du Queensland, cet écosystème essentiel subjugue les visiteurs, avec son abondante faune à plumes et ses innombrables îles et plages tropicales.
Quelques voix seulement séparaient le deuxième lauréat du troisième. Ils diffèrent pourtant en tout point... La contemplation béate du Machu Picchu depuis la porte du Soleil après quatre jours de trek éprouvants sur le Chemin de l’Inca est devenue un rite de passage lors de tout voyage au Pérou. La cité, datant du XVe siècle, est entourée d’un spectaculaire paysage andin et suspendue au-dessus du vide, mais son principal attrait réside dans le mystère qui l’entoure. C’est une véritable énigme. Les hypothèses ne manquent pas – retraite royale, temple des vierges du Soleil, piste d’atterrissage pour extraterrestres – mais aucune n’a pu être confirmée. Même Hiram Bingham, l’archéologue amateur américain qui découvrit les ruines en 1911 et y mena des fouilles pendant des années, ne savait pas vraiment ce qu’il cherchait (il mourut en croyant à tort avoir découvert Vilcabamba, la légendaire cité perdue des Incas.) Aujourd’hui, on peut déambuler dans la mystérieuse cité perchée en laissant libre cours à son imagination. Ne manquez pas l’ascension du Huayna Picchu, le pic andin escarpé qui surplombe les ruines, le long du vertigineux sentier menant au temple de la Lune.
Chaque pays a son monument phare ; en Chine, ce monument sillonne presque tout le pays. La Grande Muraille n’est pas une muraille comme les autres, mais un imposant dédale de fortifications s’étendant sur 8 850 km à travers le relief accidenté du nord du pays. Construite par phases successives sur plus d’un millénaire, la Grande Muraille échoua finalement dans sa mission – la lutte contre les invasions mongoles – mais devint l’emblème de la dynastie Ming, la plus grande puissance ayant régné en Extrême-Orient jusqu’à l’avènement de Mao Zedong.
Contrairement à ce qu’on raconte, la Grande Muraille n’est pas visible de l’espace, mais face à cet édifice qui semble s’étendre à perte de vue, on pourrait se laisser convaincre. Quelques acharnés parcourent toute la muraille à pied, mais même en vous contentant d’une seule section, vous serez impressionné par son aura indestructible. Vous aurez le choix entre grandeur impériale (près de Beijing), précision militaire (Gansu) ou paysages désolés sans âge (Mongolie Intérieure).
Comment atteindre la perfection architecturale ? Commencez par quelques hectares de marbre blanc étincelant, et ajoutez quelques milliers de pierres semi-précieuses ciselées et enchâssées dans des motifs islamiques élaborés. Choisissez un cadre sublime au bord d’un fleuve sacré, dans un somptueux jardin à la symétrie parfaite. Enrobez le tout d’une intrigante histoire d’amour. Vous obtenez le Taj Mahal.
Construit au XVIIe siècle en Inde par l’empereur moghol Shah Jahan pour servir de mausolée à son épouse favorite Mumtaz Mahal, le Taj attire les voyageurs depuis des siècles. Ironiquement, à la fin de sa vie, l’empereur fut emprisonné par son fils au fort d’Agra, d’où la vue directe sur le Taj était le seul souvenir de sa fortune perdue.
Malgré le flot de visiteurs qu’il draine, le Taj Mahal continue d’entrouvrir les portes d’une époque disparue. Les spectres de l’Inde moghole longent le marbre scintillant des cours, se glissant sous les arcades et derrière les treillis. Aucun autre monument indien ne reflète si parfaitement les mœurs et l’atmosphère de cette époque.
Lorsque vous contemplez cette profonde faille dans la croûte terrestre, c’est deux milliards d’années qui s’étendent sous vos yeux. Les chiffres ne laissent pas indifférent. Embrasé par le couchant, nappé d’océans de brume ou saupoudré de cristaux de neige, ce couloir de 450 km de long et de presque 2 km de profondeur est à la nature ce que les cathédrales sont à l’architecture. Face au Grand Canyon, vous vous sentirez à la fois minuscule et grandi, ému et serein, poète et muet. Comme l’a dit l’explorateur John Wesley Powell : “Les merveilles du Grand Canyon sont indicibles et ne peuvent être rendues par la parole.” Il nous a fallu essayer malgré tout. Venez randonner, faire du rafting sur le fougueux Colorado, observer les condors et les ours noirs, ou simplement vous en mettre plein les yeux.
Rien de tel qu’une arène de combat romaine pour réveiller l’historien qui dort en vous. Symbole d’un pouvoir impitoyable, cet amphithéâtre massif de 50 000 places est le plus fascinant des vestiges romains. Les gladiateurs s’affrontaient ici et les condamnés s’y mesuraient aux fauves devant la foule aux abois. Deux mille ans plus tard, l’emprise exercée par ce lieu sur le visiteur est restée intacte.
Le “Colosseo” impressionne d’abord par sa taille (toutefois, l’amphithéâtre fut ainsi baptisé, non en raison de ses dimensions, mais du colosse de Néron, une statue érigée à proximité). Se frayer un chemin à travers les 80 arcades et s’asseoir en quelques minutes n’était sans doute pas une mince affaire : glissez-vous dans la peau d’un Romain et imaginez devoir jouer des coudes avec les autres spectateurs. Magistrats et hauts dignitaires prenaient place dans les gradins inférieurs, au plus près de l’action ; les citoyens fortunés occupaient ceux du milieu ; la plèbe s’asseyait en haut. Les femmes, considérées comme des citoyens de seconde zone, étaient reléguées tout en haut des gradins et forcées de tendre le cou pour apercevoir quelques bribes du spectacle.
Malgré l’horreur des combats, on ne peut nier la grâce et la majesté de l’enceinte. La visite guidée (à ne pas manquer), plutôt dérangeante, vous révélera le Colisée sous son jour sombre : dans les entrailles de l’arène se dévoilent toute l’horreur, la violence et la saleté des combats de gladiateurs. Ce labyrinthe souterrain, l’hypogée, composé de couloirs et de rampes contenant des cages, est aussi vaste que complexe. Imaginez les cris d’animaux, la puanteur, le chaos des hommes blessés et des animaux morts ou à l’agonie, et vous comprendrez combien ces spectacles romains pouvaient être bouleversants et sanglants.
Le mot guaraní désignant l’endroit où l’Iguazú se jette du plateau pour rejoindre le Paraná est vraiment faible : la Grande Eau. En effet, la force de ces chutes d’eau est extraordinaire, et les bateaux postés sur les bassins écumants en bas ressemblent à de frêles allumettes. Des passerelles permettent de s’approcher des cascades, qui ont pour cadre un coin de forêt subtropicale humide formant un parc national de 55 000 ha peuplé d’animaux, notamment des jaguars.
L’Alhambra de Grenade est l’un des ensembles monumentaux médiévaux les plus spectaculaires, et l’un des plus beaux échantillons d’art islamique au monde. C’est aussi le témoin le plus tenace de huit siècles de domination musulmane éclairée dans l’Espagne médiévale. Les tours fortifiées de l’Alhambra dominent la ville : on aperçoit de loin ses murs rouges au-dessus des cyprès et des ormes, avec pour toile de fond les sommets enneigés de la Sierra Nevada.
À l’intérieur, un réseau de palais somptueux et de jardins irrigués qui ont inspiré maints rêves et légendes. Le contraste entre la minutie des ornements et les dimensions épiques de l’Alhambra fait tout son charme. Les jardins du Generalife, aux proportions parfaites, sont une évocation saisissante du Paradis, tandis que l’intérieur de l’Alhambra brille d’une beauté surnaturelle. Au centre, les palais nasrides (Palacios Nazaríes), aux salles innombrables, sont le plus précieux trésor de l’Alhambra. Équilibre harmonieux entre espace, lumière et ombre, eau et verdure, ils doivent plonger le souverain au cœur d’un paradis terrestre. Les murs sont recouverts de carreaux de céramique, de muqarnas (encorbellements), de voûtes et d’ornements en stuc, et la cour des Lions (Patio de los Leones) est un chef-d’œuvre d’entrelacs géométriques islamiques. En un mot, l’Alhambra est le plus beau monument d’Espagne.
À la fois basilique, mosquée et musée, Sainte-Sophie (Aya Sofya), à Istanbul, ne ressemble à aucun autre monument, défiant les catégorisations comme elle avait défié les lois de l’architecture lors de sa construction il y a 1 500 ans. L’empereur byzantin Justinien Ier rêvait d’une église capable d’éclipser les merveilles de Rome, sa rivale, et dont la majesté serait en outre celle d’un paradis terrestre. Son souhait fut exaucé. Sainte-Sophie, qui devint la principale église orthodoxe, domine toujours la ville. C’est un espace immense, presque cosmique, créant une impression de grandeur inouïe – d’autant plus pour l’époque. À l’intérieur, elle révèle un à un ses trésors : d’immenses colonnes rapportées de diverses villes de la Grèce antique et de l’Empire romain, et de vastes galeries ornées de mosaïques scintillantes. Et puis, grandiose, s’élevant au-dessus du marbre lisse, la célèbre coupole, qui imite la forme de la voûte céleste – mieux vaut toutefois oublier qu’elle s’est effondrée plusieurs fois.
L’histoire de Sainte-Sophie est aussi extraordinaire que l’édifice : en effet, rares sont les monuments ayant subi autant de métamorphoses. Après avoir été pillée par les croisés, elle fut transformée en mosquée après la prise de Constantinople par les Ottomans en 1453, comme en témoignent ses quatre gigantesques minarets – étonnamment, les nouvelles mosquées d’Istanbul (notamment la célèbre Mosquée Bleue) ont repris cette particularité architecturale. En 1935, elle fut désacralisée et transformée en musée. Y pénétrer reste néanmoins une expérience spirituelle, que ce soit pour s’extasier devant une fresque dorée étincelant dans la lumière du soir, ou pour embrasser d’un même regard chefs-d’œuvre chrétiens et calligraphies islamiques. À l’instar d’Istanbul la Magnifique, Sainte-Sophie se dresse au carrefour des continents et des croyances.
Comment avons-nous établi ce classement des meilleures destinations du monde ?
Nous avons commencé par dresser une liste de tous les incontournables mentionnés sur notre blog c’est-à-dire des milliers de sites et monuments cités par nos auteurs depuis des années. Après avoir établi une présélection, nous avons ensuite demandé à tous les membres de la communauté Lonely Planet de voter pour leurs 20 sites favoris. Suivant un principe mathématique, les lieux systématiquement cités en début de ce top 20 ont remporté davantage de points que ceux mentionnés à maintes reprises mais en fin de classement. Nous avons ainsi pu établir un top 500. Les résultats étaient serrés, sauf pour le site n°1 : avec 10 162 voix, il occupait une place à part.Voici donc, pour la première fois, le classement des meilleures destinations du monde par Lonely Planet. Nous espérons qu’il vous incitera à dresser la liste de vos propres envies. Et en attendant de découvrir ce top 500, voici les 10 premières destinations !
1. Temples d’Angkor, le paradis Hindou sur Terre (Cambodge)
Le site qui s’est imposé en tête du classement a remporté une victoire pour le moins écrasante, avec un écart de 36% par rapport au site suivant, alors que pour la deuxième place, les résultats étaient très serrés. Quel est donc le secret du succès du site archéologique d’Angkor ?
Plus grand temple du monde dédié au dieu hindou Vishnou, datant du XIIe siècle, Angkor Vat détonne un peu dans un Cambodge majoritairement bouddhiste. Immense représentation du mont Meru, le séjour des dieux hindous, c’est l’incontestable pièce maîtresse du site. Il est composé de milliers de blocs de grès ornés de bas-reliefs si délicats et gracieux qu’ils semblent sculptés par les dieux ; ils illustrent les légendes du Ramayana, du Mahabharata et des Puranas. Ce magnifique monument est le plus précieux vestige d’un royaume hindou qui s’étendait jadis jusqu’en Birmanie, au Laos et dans le sud de la Chine.
Même en Asie du Sud-Est, si riche en temples, Angkor sort de l’ordinaire. Cet ensemble recèle plus de 1 000 temples, sanctuaires et tombes dont les tours s’élèvent telles celles d’une cité perdue dans la jungle du nord du Cambodge.
La ville de Siem Reap voisine étant desservie par des vols internationaux, on ne peut dire qu’Angkor soit secrète, et pourtant, le visiteur qui s’aventure parmi les racines transperçant des murailles anciennes et les effigies de divinités couvertes de plantes grimpantes aura l’impression d’être un aventurier découvrant une terre vierge derrière un rideau de verdure.
Au fil des siècles, les habitants de cette cité céleste abandonnèrent l’hindouisme pour le bouddhisme. Dans les temples, les deux mythologies se mêlent. Arriver à l’aube dans les ruines du temple du Bayon est une expérience unique : les visages bienveillants de l’Avalokiteshvara, bodhisattva de la Compassion, émergent alors doucement dans la brume, telles des apparitions célestes. Le voyageur est également saisi d’émotion face aux ruines envahies de végétation de Ta Prohm, temple du XIIe siècle presque entièrement englouti par la jungle, qui a peu changé depuis l’arrivée des premiers explorateurs européens à Angkor au XVIIe siècle. Angkor offre d’ailleurs des expériences tellement uniques que les voyageurs y passent souvent plusieurs semaines pour s’imprégner de la splendeur de ces temples et vestiges.
Disséminés sur plus de 400 km2 à la ronde se trouvent des bassins sacrés et des ponts de pierre dotés de rampes figurant des démons brandissant de monstrueux serpents, ainsi que des vestiges de temples. Certains sont devenus incontournables, comme le temple de Banteay Srei, dont les sculptures de pierre comptent parmi les plus délicates d’Angkor, et Kbal Spean, non loin, avec son lit de rivière sculpté d’innombrables linga (symboles de Shiva).
Angkor est un puissant témoignage des ambitions de la créativité humaine et du besoin fondamental de l’homme de laisser une trace pérenne. Le lieu génère une prise de conscience chère au bouddhisme : rien de matériel n’est éternel ; avec le temps, la nature reprend toujours ses droits. Plus qu’une simple ruine digne d’intérêt, Angkor est une épiphanie gravée dans la pierre.
2. Grande Barrière de corail, un eldorado sous-marin (Australie)
La deuxième place de notre classement est occupée par une merveille naturelle qui s’étend sur plus de 3 000 km au large de la côte nord-est de l’Australie. Inutile de présenter la Grande Barrière de corail. Rappelons simplement qu’il s’agit du plus grand récif corallien au monde, peuplé de 400 espèces de coraux et de 1 500 espèces de poissons. Quelque 30 espèces de baleines, de dauphins et de marsouins y ont été identifiées, ainsi que 6 espèces de tortues de mer et 17 variétés de serpents marins.
Le récif risque de disparaître ou du moins de perdre de sa splendeur. Le réchauffement des océans est responsable du blanchiment et de la mort des coraux et rien ne laisse supposer que le phénomène puisse être enrayé. Pour le moment, le récif reste un paradis sous-marin pour les plongeurs et les adeptes de snorkeling. Même en surface et aux abords de la côte du Queensland, cet écosystème essentiel subjugue les visiteurs, avec son abondante faune à plumes et ses innombrables îles et plages tropicales.
3. Machu Picchu, l’énigme inca (Pérou)
Quelques voix seulement séparaient le deuxième lauréat du troisième. Ils diffèrent pourtant en tout point... La contemplation béate du Machu Picchu depuis la porte du Soleil après quatre jours de trek éprouvants sur le Chemin de l’Inca est devenue un rite de passage lors de tout voyage au Pérou. La cité, datant du XVe siècle, est entourée d’un spectaculaire paysage andin et suspendue au-dessus du vide, mais son principal attrait réside dans le mystère qui l’entoure. C’est une véritable énigme. Les hypothèses ne manquent pas – retraite royale, temple des vierges du Soleil, piste d’atterrissage pour extraterrestres – mais aucune n’a pu être confirmée. Même Hiram Bingham, l’archéologue amateur américain qui découvrit les ruines en 1911 et y mena des fouilles pendant des années, ne savait pas vraiment ce qu’il cherchait (il mourut en croyant à tort avoir découvert Vilcabamba, la légendaire cité perdue des Incas.) Aujourd’hui, on peut déambuler dans la mystérieuse cité perchée en laissant libre cours à son imagination. Ne manquez pas l’ascension du Huayna Picchu, le pic andin escarpé qui surplombe les ruines, le long du vertigineux sentier menant au temple de la Lune.
4. Grande Muraille de Chine, muraille impériale (Chine)
Chaque pays a son monument phare ; en Chine, ce monument sillonne presque tout le pays. La Grande Muraille n’est pas une muraille comme les autres, mais un imposant dédale de fortifications s’étendant sur 8 850 km à travers le relief accidenté du nord du pays. Construite par phases successives sur plus d’un millénaire, la Grande Muraille échoua finalement dans sa mission – la lutte contre les invasions mongoles – mais devint l’emblème de la dynastie Ming, la plus grande puissance ayant régné en Extrême-Orient jusqu’à l’avènement de Mao Zedong.
Contrairement à ce qu’on raconte, la Grande Muraille n’est pas visible de l’espace, mais face à cet édifice qui semble s’étendre à perte de vue, on pourrait se laisser convaincre. Quelques acharnés parcourent toute la muraille à pied, mais même en vous contentant d’une seule section, vous serez impressionné par son aura indestructible. Vous aurez le choix entre grandeur impériale (près de Beijing), précision militaire (Gansu) ou paysages désolés sans âge (Mongolie Intérieure).
5. Taj Mahal, la perle Moghole (Inde)
Comment atteindre la perfection architecturale ? Commencez par quelques hectares de marbre blanc étincelant, et ajoutez quelques milliers de pierres semi-précieuses ciselées et enchâssées dans des motifs islamiques élaborés. Choisissez un cadre sublime au bord d’un fleuve sacré, dans un somptueux jardin à la symétrie parfaite. Enrobez le tout d’une intrigante histoire d’amour. Vous obtenez le Taj Mahal.
Construit au XVIIe siècle en Inde par l’empereur moghol Shah Jahan pour servir de mausolée à son épouse favorite Mumtaz Mahal, le Taj attire les voyageurs depuis des siècles. Ironiquement, à la fin de sa vie, l’empereur fut emprisonné par son fils au fort d’Agra, d’où la vue directe sur le Taj était le seul souvenir de sa fortune perdue.
Malgré le flot de visiteurs qu’il draine, le Taj Mahal continue d’entrouvrir les portes d’une époque disparue. Les spectres de l’Inde moghole longent le marbre scintillant des cours, se glissant sous les arcades et derrière les treillis. Aucun autre monument indien ne reflète si parfaitement les mœurs et l’atmosphère de cette époque.
6. Grand Canyon National Park, un spectacle naturel d’exception (États-Unis)
Lorsque vous contemplez cette profonde faille dans la croûte terrestre, c’est deux milliards d’années qui s’étendent sous vos yeux. Les chiffres ne laissent pas indifférent. Embrasé par le couchant, nappé d’océans de brume ou saupoudré de cristaux de neige, ce couloir de 450 km de long et de presque 2 km de profondeur est à la nature ce que les cathédrales sont à l’architecture. Face au Grand Canyon, vous vous sentirez à la fois minuscule et grandi, ému et serein, poète et muet. Comme l’a dit l’explorateur John Wesley Powell : “Les merveilles du Grand Canyon sont indicibles et ne peuvent être rendues par la parole.” Il nous a fallu essayer malgré tout. Venez randonner, faire du rafting sur le fougueux Colorado, observer les condors et les ours noirs, ou simplement vous en mettre plein les yeux.
7. Colisée, théâtre des cruautés Romaines (Italie)
Rien de tel qu’une arène de combat romaine pour réveiller l’historien qui dort en vous. Symbole d’un pouvoir impitoyable, cet amphithéâtre massif de 50 000 places est le plus fascinant des vestiges romains. Les gladiateurs s’affrontaient ici et les condamnés s’y mesuraient aux fauves devant la foule aux abois. Deux mille ans plus tard, l’emprise exercée par ce lieu sur le visiteur est restée intacte.
Le “Colosseo” impressionne d’abord par sa taille (toutefois, l’amphithéâtre fut ainsi baptisé, non en raison de ses dimensions, mais du colosse de Néron, une statue érigée à proximité). Se frayer un chemin à travers les 80 arcades et s’asseoir en quelques minutes n’était sans doute pas une mince affaire : glissez-vous dans la peau d’un Romain et imaginez devoir jouer des coudes avec les autres spectateurs. Magistrats et hauts dignitaires prenaient place dans les gradins inférieurs, au plus près de l’action ; les citoyens fortunés occupaient ceux du milieu ; la plèbe s’asseyait en haut. Les femmes, considérées comme des citoyens de seconde zone, étaient reléguées tout en haut des gradins et forcées de tendre le cou pour apercevoir quelques bribes du spectacle.
Malgré l’horreur des combats, on ne peut nier la grâce et la majesté de l’enceinte. La visite guidée (à ne pas manquer), plutôt dérangeante, vous révélera le Colisée sous son jour sombre : dans les entrailles de l’arène se dévoilent toute l’horreur, la violence et la saleté des combats de gladiateurs. Ce labyrinthe souterrain, l’hypogée, composé de couloirs et de rampes contenant des cages, est aussi vaste que complexe. Imaginez les cris d’animaux, la puanteur, le chaos des hommes blessés et des animaux morts ou à l’agonie, et vous comprendrez combien ces spectacles romains pouvaient être bouleversants et sanglants.
8. Chutes d’Iguazú, fracas des cascades (Argentine - Brésil)
Le mot guaraní désignant l’endroit où l’Iguazú se jette du plateau pour rejoindre le Paraná est vraiment faible : la Grande Eau. En effet, la force de ces chutes d’eau est extraordinaire, et les bateaux postés sur les bassins écumants en bas ressemblent à de frêles allumettes. Des passerelles permettent de s’approcher des cascades, qui ont pour cadre un coin de forêt subtropicale humide formant un parc national de 55 000 ha peuplé d’animaux, notamment des jaguars.
9. L’Alhambra, le chef-d’œuvre maure de l’Espagne (Espagne)
L’Alhambra de Grenade est l’un des ensembles monumentaux médiévaux les plus spectaculaires, et l’un des plus beaux échantillons d’art islamique au monde. C’est aussi le témoin le plus tenace de huit siècles de domination musulmane éclairée dans l’Espagne médiévale. Les tours fortifiées de l’Alhambra dominent la ville : on aperçoit de loin ses murs rouges au-dessus des cyprès et des ormes, avec pour toile de fond les sommets enneigés de la Sierra Nevada.
À l’intérieur, un réseau de palais somptueux et de jardins irrigués qui ont inspiré maints rêves et légendes. Le contraste entre la minutie des ornements et les dimensions épiques de l’Alhambra fait tout son charme. Les jardins du Generalife, aux proportions parfaites, sont une évocation saisissante du Paradis, tandis que l’intérieur de l’Alhambra brille d’une beauté surnaturelle. Au centre, les palais nasrides (Palacios Nazaríes), aux salles innombrables, sont le plus précieux trésor de l’Alhambra. Équilibre harmonieux entre espace, lumière et ombre, eau et verdure, ils doivent plonger le souverain au cœur d’un paradis terrestre. Les murs sont recouverts de carreaux de céramique, de muqarnas (encorbellements), de voûtes et d’ornements en stuc, et la cour des Lions (Patio de los Leones) est un chef-d’œuvre d’entrelacs géométriques islamiques. En un mot, l’Alhambra est le plus beau monument d’Espagne.
10. Sainte-Sophie, la fusion des croyances (Turquie)
À la fois basilique, mosquée et musée, Sainte-Sophie (Aya Sofya), à Istanbul, ne ressemble à aucun autre monument, défiant les catégorisations comme elle avait défié les lois de l’architecture lors de sa construction il y a 1 500 ans. L’empereur byzantin Justinien Ier rêvait d’une église capable d’éclipser les merveilles de Rome, sa rivale, et dont la majesté serait en outre celle d’un paradis terrestre. Son souhait fut exaucé. Sainte-Sophie, qui devint la principale église orthodoxe, domine toujours la ville. C’est un espace immense, presque cosmique, créant une impression de grandeur inouïe – d’autant plus pour l’époque. À l’intérieur, elle révèle un à un ses trésors : d’immenses colonnes rapportées de diverses villes de la Grèce antique et de l’Empire romain, et de vastes galeries ornées de mosaïques scintillantes. Et puis, grandiose, s’élevant au-dessus du marbre lisse, la célèbre coupole, qui imite la forme de la voûte céleste – mieux vaut toutefois oublier qu’elle s’est effondrée plusieurs fois.
L’histoire de Sainte-Sophie est aussi extraordinaire que l’édifice : en effet, rares sont les monuments ayant subi autant de métamorphoses. Après avoir été pillée par les croisés, elle fut transformée en mosquée après la prise de Constantinople par les Ottomans en 1453, comme en témoignent ses quatre gigantesques minarets – étonnamment, les nouvelles mosquées d’Istanbul (notamment la célèbre Mosquée Bleue) ont repris cette particularité architecturale. En 1935, elle fut désacralisée et transformée en musée. Y pénétrer reste néanmoins une expérience spirituelle, que ce soit pour s’extasier devant une fresque dorée étincelant dans la lumière du soir, ou pour embrasser d’un même regard chefs-d’œuvre chrétiens et calligraphies islamiques. À l’instar d’Istanbul la Magnifique, Sainte-Sophie se dresse au carrefour des continents et des croyances.
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