Des milliers d'opposants au président vénézuélien Nicolas Maduro ont
manifesté lundi à Caracas contre son projet d'assemblée constituante,
dans le cadre d'une vague de protestations qui a déjà fait 74 morts
en 80 jours.
Un jeune de 17 ans a été tué par balle durant cette manifestation, et
six personnes ont été blessés par balles, a indiqué le parquet.
Comme à chacun de ses rassemblements, le cortège de l'opposition a
été bloqué par des militaires et policiers qui ont repoussé les
manifestants avec des grenades lacrymogènes et des canons à eau tirés
depuis des véhicules anti-émeutes.
La foule espérait rejoindre le siège des autorités électorales, dans le centre de la capitale.
"Quand nous essayons d'arriver à un point stratégique, ils nous
coupent les accès, mais nous devons continuer à essayer", a déclaré à
l'AFP une manifestante, Ivone Santana.
Les
adversaires du président Maduro, qui exigent son départ anticipé,
critiquent son projet de réformer la Constitution, une manoeuvre selon
eux pour s'accrocher au pouvoir. Le président a prévu de faire élire les
membres de cette assemblée constituante le 30 juillet.
La mobilisation de lundi coïncide avec une réunion de ministres des
Affaires étrangères de l'Organisation des Etats américains (OEA) à
Cancun (Mexique), consacrée notamment à la violente crise politique
secouant le Venezuela.
Les ministres ne sont pas parvenus à trouver un terrain d'entente et rédiger une résolution commune.
"C'est très triste", a commenté Michael J. Fitzpatrick, le chef de la délégation américaine.
"Tandis que nous sommes incapables de parvenir à un accord, dans les
rues de Caracas et d'autres villes du Venezuela la violence, la
répression se poursuivent encore aujourd'hui", a de son côté dénoncé le
ministre mexicain des Affaires étrangères, Luis Videgaray.
Echec d'une résolution
La résolution en discussion devait appeler le président Maduro à
revoir son projet de réforme de la Constitution, lui demander de
garantir les droits de l'Homme et entamer un dialogue avec l'opposition
avec l'aide de pays étrangers.
La ministre vénézuélienne des Affaires étrangères Delcy Rodriguez
avait quitté la réunion pour dénoncer cette proposition de texte. "Nous
ne reconnaissons pas la réunion, ni la résolution qui en sortira", avait
déclaré Mme Rodriguez lors d'une brève conférence de presse.
La ministre devait néanmoins participer dans la soirée à l'assemblée générale de l'OEA.
"La défense de la démocratie est un principe essentiel", a lancé le
secrétaire général de l'OEA, Luis Almagro, lors d'une conférence de
presse, rejetant toute accusation d'"interventionnisme" de la part du
gouvernement Maduro.
M. Almagro est l'un des plus farouches opposants au président vénézuélien, qu'il a qualifié de "dictateur".
En réaction, le Venezuela a lancé en avril le processus pour quitter l'OEA, ce qui prend deux ans.
"Nous avons une date limite, le 30 juillet, et le pays doit maintenir
la pression dans la rue pour que le processus (d'assemblée
constituante) ne se fasse pas", a déclaré à Caracas lors de la
manifestation l'un des dirigeants de l'opposition, l'ex-candidat à la
présidentielle Henrique Capriles.
Des heurts ont éclaté entre forces de l'ordre et manifestants, qui
ont répliqué avec des pierres et des cocktails molotov aux gaz
lacrymogènes, sur la principale autoroute de la ville et dans des
quartiers proches.
Seule voix discordante au sein du camp présidentiel, la procureure
générale de la Nation, Luisa Ortega, a déposé plusieurs recours, tous
rejetés, contre le projet de réforme de la Constitution, qu'elle estime
dangereux pour les droits de l'Homme et la démocratie.
Lundi matin, des centaines d'employés du ministère public ont manifesté leur soutien à la procureure.
Réunis non loin de là, des partisans de M. Maduro criaient "Assassins !" en direction de ces fonctionnaires.
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